Le jour où j'ai douté de la capacité des gauches à faire leur autocritique sur l'antisémitisme
Je vous avoue être désespérée. Je n’écris évidemment pas cela pour être rassurée ou consolée mais juste pour exprimer un sentiment bien réel.
J’avais cru que dans une certaine gauche - ma gauche - nous avions compris ce qu’étaient les racismes structurels. Bien sûr, nous autres blanch-es ne pouvions pas nous empêcher de chouiner dés qu’on était accusé de propos racistes, mais j’avais la vague impression que tout de même les choses avançaient un peu.
Et puis l’antisémitisme.
Parce que c’est de ça dont on va parler.
Il faut que je vous raconte quelque chose avant. Dimanche je suis allée à la manif féministe et j’avais un panneau avec d’un côté “non au sexisme dans nos luttes” et de l’autre “non à l’antisémitisme dans nos luttes”. Plus tiède on ne fait pas mais je voulais interpeller sans agressivité. Notre camp politique a deux problèmes mal gérés à l’heure actuelle (ce qui ne veut pas dire qu’il est clean sur le reste, juste pour ces élections il l’a moins montré) et je voulais montrer qu’on doit rester vigilant-e. Mais même ça c’était trop et je ne parle évidemment pas du volet sur le sexisme. Des militantes féministes sont venues en toute détente tokeniser la lutte contre l ‘antisémitisme. Elles m’ont expliqué s’être vues reprocher de davantage s’intéresser au féminisme qu’à l’antisémitisme donc elles se sont prises en photo avec mon panneau pour montrer que ce n’était pas vrai. Il y a eu des regards, beaucoup. Et non je ne suis pas paranoïaque. Et il y a eu des remerciements alors que ma pancarte était juste tiède ce qui témoigne du sentiment d’abandon des juifs en France.
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