Prouver l'absence

De la difficulté à prouver qu'on a été victime de discrimination

Perdre PiedS
3 min ⋅ 01/02/2025

Je regardais une émission du youtubeur Sam Zirah où des chroniqueurs et chroniqueuses débattaient de la star academy et du racisme autour de Ebony, une candidate noire qui a perdu en finale. Leur discussion portait sur la victoire de Marine, une jeune femme blanche accusée par certains d’avoir bénéficié du vote de personnes racistes. Des chroniqueurs ont jugé ces accusations très graves, et je ne remets pas en question la souffrance de Marine, qui a effectivement reçu de nombreuses insultes. En revanche, les chroniqueurs ont peu parlé de la situation d’Ebony, une autre candidate, noire, qui a subi tout au long de l’émission un véritable flot d’insultes négrophobes. Au point que l’association SOS Racisme, habituellement modérée, a déposé une plainte pour harcèlement contre les internautes concernés.

une des chroniqueuses a souligné qu’on ne peut prouver qu’Ebony a perdu l’émission à cause du racisme existant en France. Il est vrai que personne ne brandit de panneau indiquant : « Je vote pour Marine parce que je ne veux pas d’une femme noire gagnante à la Star Academy ». De même, il est impossible de savoir si les votes en faveur de Marine étaient motivés par une adhésion à son talent ou par un rejet raciste d’Ebony. On pourrait même objecter qu’Ebony n’a tout simplement pas fait l’unanimité ou que Marine avait un style plus populaire. Cependant, la forte vague d’insultes racistes subies par Ebony est un fait : selon les signalements reçus, des milliers de commentaires haineux ont inondé les réseaux sociaux, et l’on sait que certaines entreprises suppriment déjà une partie de ces contenus. Le harcèlement que l’on a pu observer n’en est que la partie émergée.

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Perdre PiedS

Par Valérie Rey-Robert

Je m’appelle Valérie Rey-Robert et je suis féministe depuis plus de 30 ans.
J’ai beaucoup écrit sur les violences sexuelles, la culture du viol, les masculinités et le sexisme dans la culture populaire.
Etre féministe nous oblige à sans cesse réviser notre copie et penser des situations qu’on n’avait pas envisagées. Tenir compte de l’ensemble des discriminations vécues, penser chaque cas nous fait nous remettre en cause en permanence, nous interroger et repenser nos points de vue.
Et j’ai aussi 50 ans. Ma vie, parfois pas tellement facile, m’a obligée à me confronter à des moments où j’ai douté, ou je doute encore. Il est peu dans mon caractère de le partager et je vais m’y obliger avec cette newsletter.

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