Préambule. Ce n’est pas parce que je dis que la gauche a un angle mort sur l’antisémitisme qu’elle n’en a pas sur les autres types de racisme. Il suffit d’ailleurs de voir ces imbéciles de Meurice, Lompret and Co rire devant Lompret faisant un accent raciste pour le comprendre. Et encore plus lorsqu’on voit plein de militant-e-s de gauche les défendre sur les RS. Il suffit de voir combien les partis de gauche ont peu voire pas soutenu les mineurs isolés de la Gaieté lyrique. Il suffit de voir Roussel parler de racisme comme “facteur de division” (siri mets une chanson triste) et de “racisme anti blancs” pour comprendre la gravité de nos angles morts.
Mais si donc je parle de l’antisémitisme.

Le 16 mars j’ai posté sur Instagram un texte expliquant pourquoi l’affiche de la LFI concernant Hanouna était évidemment antisémite.
Et j’ai du pour la première fois depuis l’ouverture de mon compte, il y a presqu’un an, fermer cette publication aux commentaires.
Il m’a été expliqué que je disais n’importe quoi en expliquant qu’il n’y avait pas de faciès juif, puisqu’il existait un “phénotype juif”. Je ne sais même pas quoi dire sur cette phrase.
On m’a doctement dit qu’on n’avait pas l’obsession - comme moi - de connaître la religion des gens. Faut-il vous rappeler pour la millionième fois que l’antisémitisme n’est pas une question de religion. Tendez l’oreille quand des gens éduqués, formés politiquement (ça n’est pas pareil de le dire par ignorance) emploient cette expression de “confession juive”. L’antisémitisme est une forme de racisme qui racialise les juifs qu’ils soient religieux ou athées. On peut être juif et athée. Connaissons nos ennemis politiques.
On m’a ressorti le tag de Attali et Macron pour m’expliquer qu’il n’était pas antisémite. Au delà du fait que cela pue beaucoup de ressortir tous les actes antisémites sous une publication en dénonçant un autre, pour expliquer qu’aucun ne l’est, je tiens à vous rappeler que Eric Zemmour a été relaxé alors qu’il avait dit que les immigrés étaient "colonisateurs" et que ”le voile et la djellaba étaient comme les "uniformes d’une armée d’occupation". Marine Le Pen et Jordan Bardella n’ont jamais été condamnés pour racisme. Cela signifie qu’ils ne le sont pas ? Si nous en sommes, à gauche, à nous fier à la justice, pour définir ce qui est raciste ou pas, je ne donne pas cher de nous.
On a employé les mots de “victimisation” et de “pleurniche” pour désigner les gens condamnant cette affiche. Le terme de “pleurniche” vient à la base des dieudonno-soraliens et des fascistes comme Benedetti pour remettre en cause la shoah. Il a peu à peu gagné des autres sphères de l’extrême-droite et aussi des sphères de gauche. Le terme de “victimisation” gagne partout à gauche. Je l’ai encore vu ce matin utiliser pour qualifier des militant-e-s d’origine asiatique qui dénonçaient un accent raciste fait par Aymeric Lompret.

Et l’acmé a été atteinte lorsqu’on m’a demandé pourquoi je ne faisais pas de post sur les enfants palestiniens assassinés la veille.
J’ai rédigé 165 publications depuis l’ouverture de ce compte.
J’ai fait une longue vidéo sur une obscure actrice des années 30 : personne n’est venu me demander pourquoi je perdais mon temps avec elle au lieu de parler des ukrainiens.
J’ai réagi à la télé réalité Frenchie Shore ; personne n’est venu me dire qu’il était honteux d’en parler alors que les palestiniens subissent un génocide.
J’ai commenté un livre sorti dans les années 50. Là encore personne ne m’a demandé pourquoi je ne parlais pas plutôt des viols de masse au Soudan.

La SEULE fois où on m’a reproché de ne pas parler de Palestine c’est quand j’ai parlé des actes antisémites d’un parti de gauche. Mais qu’est ce qu’on a en tête à gauche à utiliser la Palestine pour nier l’antisémitisme en France. Pense-t-on vraiment servir la cause palestinienne avec ce genre d’arguments ?

Je vous ai déjà expliqué toutes les réserves que j’avais avec le terme d’instrumentalisation. Les extrêmes-droites sont comme les cafards, elles s’insinuent dans les recoins qu’on a mal inspectés qui sont sales de nos lâchetés. Bien sûr que parfois notre parole est impeccable et ils déboulent avec leurs paroles racistes. Mais parfois aussi lorsque notre parole a été approximative, hasardeuse, ils en profitent. Et nous devons en tirer des leçons claires. C’est AUSSI parce qu’il y a eu trop d’islamophobie dans le féminisme, qu’il est maintenant utilisé à l’extrême-droite à des fins islamophobes. A titre personnel, je regrette et déplore que la parole féministe et de gauche ait été absente sur les affaires des viols de masse en Angleterre. Nous avons offert un boulevard au femonationalisme. Nous avons été lâches. Nous n’avons pas soutenu les victimes. Quelle tristesse de voir Aphatie se fendre d’un twit moqueur sur le sujet.

Et c’est parce que certains à gauche ont des paroles antisémites, qui sont relativisées, excusées, minorées, niées que les extrême-droites en profitent. Oui ils en profiteraient de toutes façons, mais nous avons le devoir d’avoir des paroles impeccables.

Nous devons nous ressaisir d’urgence.

J’ai vu une partie de la gauche agiter un rapport de la CNCDH qui explique que le RN reste le parti le plus antisémite.
Moi je ne suis pas juive alors je vais faire un petit parallèle. Imaginez un homme de gauche qui vient m’agiter sous le nez une statistique qui explique que 51% des hommes du RN ont des gros préjugés sexistes et qui oublie de me dire que ca concerne aussi 36% des hommes de gauche. Il se prendrait mon poing sur le nez.
C’est très exactement ce que dit le rapport de la CNCDH. Si en effet “ 51% des sympathisants RN adhèrent au stéréotype de la «double allégeance» des Français juifs”, il y en a quand même 36% à gauche pour qui c’est aussi le cas. TRENTE SIX %. C’est monstrueux.
Les stéréotypes à l‘égard des juifs sont très importants et nous ne devons certainement pas prendre comme maitre étalon l’extrême-droite pour nous auto congratuler. On va où là ?

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